« Donald Trump confirme vouloir annexer Bourg-la-Reine. »

Mediapart, Le Gorafi, Intelligence artificielle ?

Difficile, à première vue, de deviner l’origine d’une telle information tant elle semble invraisemblable. C’est là tout l’enjeu et le défi de notre époque : distinguer le vrai du faux, le factuel du fake, et se frayer un chemin vers la vérité au milieu de la pollution qui règne sur le web.

Quand la technologie brouille les repères

Les deepfakes, ces technologies utilisant des réseaux de neurones et des bases de données d’images pour générer des contenus multimédias, demeurent la forme la plus connue de manipulation numérique. Initialement développés pour les effets spéciaux à Hollywood notamment, ils ont rapidement dépassé le cadre du divertissement. Mais cette manipulation ne se limite pas aux vidéos truquées : il est possible aujourd’hui de produire une grande variété de contenus trompeurs, sous différentes formes, voici quelques exemples :

  • Faux textes : Des IA comme ChatGPT peuvent par exemple générer de faux articles de presse, de fausses critiques culinaires ou des témoignages imaginés.
  • Images falsifiées : Des générateurs d’images par IA, comme ceux basés sur des réseaux antagonistes génératifs (GAN), créent des visages de personnes qui n’existent pas ou modifient des photos existantes.
  • Audios truqués : L’IA est capable d’imiter la voix humaine. Des audios peuvent ainsi être fabriqués pour faire croire qu’une personne a tenu des propos qu’elle n’a jamais prononcés.

Est-il plus grave d’être dupé par une machine que par un humain ?

Ou plutôt, devons-nous davantage nous méfier de l’intelligence artificielle que des sites satiriques comme Le Gorafi ? La réponse est, objectivement, oui. Si l’humour décalé d’un média parodique est facilement identifiable, les manipulations générées par l’IA sont bien plus insidieuses. Ces différentes formes de fake, toutes générées par l’IA, augmentent la complexité de la lutte contre la désinformation. Voici les principaux risques associés :

Manipulation politique : Lors des élections par exemple, les deepfakes peuvent influencer l’opinion publique et semer la confusion parmi les électeurs. Par exemple, en 2020, une vidéo falsifiée de Barack Obama insultant Donald Trump avait fait le tour du web avant d’être démentie.

Escroqueries et fraudes financières : Grâce aux deepfakes vocaux, des fraudeurs imitent la voix de PDG pour ordonner des virements bancaires urgents. Ces arnaques (phishing vocal), ont coûté des millions d’euros à certaines entreprises.

Atteintes à la vie privée et harcèlement : Un exemple frappant est la récente et bouleversante histoire d’Anne, une mère de famille qui, après avoir vu des vidéos générées par IA, a été convaincue que la vie de Brad Pitt dépendait d’elle. Résultat : elle s’est fait escroquer de 830 000 €. Ces situations peuvent détruire des réputations et affecter la santé mentale des victimes.

Désinformation & menaces pour la sécurité publique : En propageant des vidéos truquées sur des sujets d’actualité sensibles (conflits, crises sanitaires, punaise de lit etc ), les deepfakes alimentent la désinformation et créent de la méfiance, même envers des sources fiables.

Comment se prémunir contre la désinformation ?

Face à ces pièges numériques, peu de solutions existent. La vigilance reste la solution principale. Voici par ailleurs, quelques conseils pratiques pour ne pas tomber “facilement” dans le piège :

  1. Consulter des plateformes de fact-checking : Avant de partager une information, vérifiez-la sur des sites fiables comme AFP Factuel, Hoaxbuster ou Snopes.
  2. Vérifier l’origine des images et des vidéos : Des outils comme Google Images ou TinEye permettent de retrouver la source originale d’un visuel et de détecter d’éventuelles manipulations.
  3. Se méfier des titres sensationnalistes & croiser ses sources : Un titre trop choquant ou incroyable cache souvent quelque chose. Prenez le temps de lire l’article en intégralité et vérifiez que l’information est diffusée par plusieurs médias.
  4. Prendre du recul face à ses émotions : Les fausses informations prospèrent sur l’indignation, la peur ou l’humour. Si un contenu vous choque ou vous émeut, vérifiez-le avant de le partager.

L’IA, c’est incroyable mais “trop” vrai !

Dans cette ère numérique, la vigilance est requise. L’intelligence artificielle peut être un formidable outil au service du progrès, de la recherche. Mais si l’on baisse la garde, elle peut aussi devenir un piège redoutable. L’essentiel est d’exercer notre esprit critique, de questionner ce que nous lisons et, surtout, de ne jamais cesser de s’informer… sur l’information elle-même.