Il fut un temps, pas si lointain, où l’on passait des heures à peaufiner un simple texte sous une photo Instagram ou à se prendre la tête pour rendre notre post LinkedIn percutant. Aujourd’hui, l’un de nos premiers réflexes est d’interroger nos amis les IA génératives. Quelques instructions, et le texte tant recherché apparaît. Pratique, non ?

Mais derrière cette simplicité se cache une technologie qui redéfinit notre rapport à la création, à l’authenticité, voire à la réalité elle-même. Entre opportunités et dérives, faisons le point sur cette intelligence artificielle qui s’invite dans nos fils d’actualité avec une aisance déconcertante, nous amenant dans une ère d’IA-fluence.

Une créativité dopée… ou aseptisée ?

L’IA générative est une alliée précieuse pour produire du contenu en un clin d’œil. Sur Instagram, elle permet de générer des descriptions engageantes, de sélectionner des hashtags ultra-ciblés et peut même nous créer des images très réalistes. Sur LinkedIn, elle nous aide à créer des posts professionnels, donnant l’illusion d’une forte expertise. Cet outil est particulièrement utile pour ceux qui ont du mal à formuler leurs idées, ou qui manque tout simplement de temps et d’inspiration, pour toucher une audience plus large.

Mais à force d’être optimisés, nos contenus finissent par tous se ressembler.
Vous les avez tous vus, ces posts LinkedIn ultra-formatés, truffés d’emojis et de formules inspirantes copiées-collées. Sur Instagram, les descriptions suivent souvent les mêmes recommandations.

Que devient la spontanéité si tout est pré-calculé ? Les mêmes algorithmes qui nous aident à captiver notre audience finissent aussi par standardiser notre créativité. Ce qui devait nous aider à nous démarquer nous enferme en réalité dans un moule.

Il devient alors essentiel de trouver un équilibre entre utiliser ces outils pour amplifier notre créativité, sans perdre notre personnalité.

Des nouveaux influenceurs 100 % IA : le mariage entre illusion et business

Autre constat, le marketing d’influence n’a pas échappé à la vague de l’IA. Oubliez les influenceurs humains qui prennent une place importante dans nos feed Instagram, bienvenue aux avatars numériques ! Ces influenceurs artificiels accumulent les followers et signent même des contrats fructueux avec des marques prestigieuses. Pour les curieux, vous pouvez par exemple aller voir Lil Miquela, Noonoouri, ou encore Shudu qui sont de parfaits exemples de ces nouveaux influenceurs virtuels, adorés comme s’ils étaient réels, vu leur nombre de followers.

Et le plus fascinant dans l’histoire ? Les consommateurs jouent le jeu. Peu importe si derrière ces comptes, il n’y a ni âme, ni vécu, ni même de véritables émotions. L’illusion est si bien ficelée que beaucoup interagissent avec eux comme s’ils étaient réels. Une situation qui soulève de nombreuses questions, si un avatar numérique peut influencer des millions de personnes, pourquoi une marque s’embêterait-elle encore avec des égéries humaines ? Après tout, un personnage virtuel ne réclamera jamais d’augmentation et ne risquera pas le bad buzz.

Mais vient alors une question éthique, jusqu’où peut-on aller avec l’illusion d’authenticité ? Même s’ils offrent de nouvelles opportunités marketing, ces influenceurs virtuels doivent être utilisés de manière transparente pour éviter toute manipulation. D’autant plus que la frontière entre le réel et le virtuel devient de plus en plus floue, surtout sur des plateformes comme TikTok où l’authenticité est un peu le maître mot.

Une personnalisation qui nous enferme

Les algorithmes des réseaux sociaux, dopés à l’IA, savent exactement ce qui nous plaît. À tel point que chaque utilisateur finit par vivre dans une bulle ultra-personnalisée.
Ce que nous voyons dans nos feeds n’est pas un hasard, c’est le résultat d’une mécanique qui nous sert du contenu calibré pour nous captiver toujours plus.

Si l’on ne fait pas attention, cette hyper-personnalisation nous enferme dans un écosystème où l’on ne voit plus que des opinions qui confortent les nôtres, comme cela peut être le cas sur X. Sur LinkedIn, l’IA nous pousse toujours plus de posts inspirants et d’histoires formatées qui finissent par tous se ressembler. Sur Instagram, les tendances dictent ce que l’on voit.

Loin d’ouvrir nos horizons, les réseaux sociaux peuvent finir par nous enfermer dans des univers filtrés où tout semble fait sur mesure. Une solution ? Faire l’effort d’explorer du contenu en dehors de nos recommandations et varier nos sources d’information. Bref, on évite de se laisser piéger par l’algorithme.

Attention aux fake news et à la désinformation ! 

Si l’IA générative excelle à créer du contenu, elle est aussi une arme puissante de désinformation. Faux articles, deepfakes, images truquées… L’information est de plus en plus manipulée et n’a jamais été aussi convaincante. Aujourd’hui, il est possible de fabriquer une vidéo où une célébrité prononce un discours qu’elle n’a jamais tenu, et la rendre virale en quelques heures.

Face à toutes ces créations falsifiées, un autre type de danger émerge, l’infobésité. Submergés de contenus, nous avons désormais du mal à distinguer le vrai du faux, nous devenons méfiants, ou nous croyons aveuglément ce qui va dans le sens de nos idées. Le numérique qui doit nous donner un accès illimité au savoir, se transforme peu à peu en une immense cacophonie.

Un équilibre à trouver

L’IA et les réseaux sociaux forment un duo puissant. D’un côté, l’IA simplifie la création de contenu, nous fait gagner du temps et nous aide à mieux comprendre notre audience. De l’autre, elle uniformise nos posts, brouille la frontière entre vrai et faux et risque de nous enfermer dans des bulles de filtre. 

Alors faut-il s’en méfier ? Pas forcément. L’IA n’est ni bonne ni mauvaise, c’est surtout la façon dont on l’utilise qui fait la différence. Le principal, c’est de ne pas oublier ce qui compte vraiment sur les réseaux sociaux ; rester humain, spontané et authentique.

À nous donc de ne pas tomber dans le piège du tout-automatisé. L’idée n’est pas de rejeter l’IA, mais de l’utiliser intelligemment. Voici en résumé quelques réflexes à adopter :

  1. Ajoutez votre touche personnelle et naturelle
    L’IA peut donner un coup de pouce pour structurer une idée ou trouver l’inspiration, mais au final, c’est votre voix qui doit se faire ressentir.
  2. Ne vous laissez pas enfermer par les algorithmes
    Les algorithmes nous montrent toujours ce qu’on aime, et c’est bien le problème. Au bout d’un moment, on ne voit plus que les mêmes contenus, les mêmes opinions… Bref, on s’enferme. Faites l’effort d’aller voir ailleurs, de suivre des gens qui ne pensent pas comme vous, juste pour ouvrir un peu le champ des possibles.
  3. Gardez un œil critique !
    Les deepfakes et les fake news sont partout, et l’IA ne va rien arranger. Avant de partager une info ou une image qui paraît trop belle (ou trop choquante) pour être vraie, prenez quelques secondes pour vérifier d’où ça vient.
  4. Laissez l’IA bosser… mais pas trop
    Oui, l’IA peut rédiger un texte en trois secondes, mais si tout le monde fait pareil, on finit avec des contenus fades et génériques. Prenez le temps de reformuler, d’adapter et d’ajouter un peu de vous dans ce que vous publiez.
  5. Jouez la transparence
    Si vous utilisez un outil d’IA pour vous aider à écrire ou à créer une image, pourquoi ne pas le dire ? Ce n’est pas un problème en soi, tant que c’est assumé. Ça évite de donner une fausse impression d’authenticité et ça instaure une vraie confiance avec votre audience.

L’IA transforme notre façon de créer et de consommer du contenu, mais c’est à nous de rester maître du jeu. Après tout, elle peut imiter beaucoup de choses, mais elle ne ressent rien, ne l’oublions pas.